Simon Walls

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Dear St-Louis – Cher St-Louis

Cher St-Louis,

Comment vas-tu ? Moi ça va bien. Enfin, je m’adapte, tu comprends ? Je m’habitue tranquillement, à mes vêtements trempés par la sueur, aux charlatans qui veulent me vendre leur bijoux, ces gens qui se disent Baye Fall, aux fruits fraies, aux cruches d’eau potable et aux toilettes accroupies. Tout ça, et tellement plus.

St-Louis, je dois te dire, tu es beaucoup plus complexe que ce à quoi je croyais. Depuis déjà deux semaines que je t’habite et je commence tout juste à me familiariser avec tes petits recoins cachés et tes bars où jouent des musiciens aux mille talents. Tu as en toi des extrêmes qui vont me falloir plus de mes quelques mois pour bien les comprendre, les vivre quoi. Je ne suis qu’un petit nouveau chez toi. Et sur ce fait, merci pour l’hospitalité. Je m’y sens déjà presque comme chez moi. Presque…

Tu comprends St-Louis, tous les matins, je me lève à 4h30. Pas parce que je le veux, mais parce que tu m’y obliges. L’appel à la prière, chez moi, ça n’existe pas vraiment. On a des cloches tu me diras, mais nos prêtres à la maison n’oseraient jamais chanter dans un micro avec le volume à 10 pour gagner la guerre du plus grand nombre de fidèle avec les autres églises. Je te l’accorde, oui, j’aimerais autant voir ça que toi. Seulement voilà, me considérant relativement très athée, je vois tout ce manège d’un oeil extérieur et difficile pour moi de vraiment vivre cet aspect de toi qui semble si important. Avec tout ce que l’on entend dans le monde à propos de l’Islam, j’aurais eu tendance à tous vous mettre dans le même panier. Et pour être bien honnête, je l’ai fait. Heureusement que tu as de bons disciples pour m’expliquer la nuance.

Les deux Diagne qui m’accompagnent m’ont bien fait comprendre ceci; les Djihadistes, c’est pas de l’Islam, les Talibans non plus c’est pas de l’Islam. Toi, St-Louis, tes habitants incarnent la mentalité la plus près de ce que je peux en connaitre de cette religion. Une acceptation des autres pensés, le respect de son prochain, les valeurs familiales, le dévouement… Tous tes habitants ne sont pas ainsi mais mes deux amis Baye Fall, eux, ils sont bien. Merci pour ça St-Louis, sinon mon séjour n’aurait jamais été le même.

Donc, comme je te disais, tous les matins, je me lève à 4h30. Je parcours ensuite les rues accompagné d’un de tes meilleurs citoyens pour se diriger vers les différents daaras. Maintenant, à ce stade-ci, j’aimerais que tu t’assoies, parce qu’on va se parler. Je n’ai pas de belles paroles à te dire et je ne passerai pas par quatre chemins. De toute façon, tu le sais déjà. Alors allons-y…

St-Louis… Les daaras… dans le jargon populaire et pour que tout le monde puisse comprendre… on appelle ça de l’esclavage. Tu comprends ? Accepter que des enfants nettoient tes rues polluées de ton fer pour aller le revendre, c’est de l’esclavage. Accepter que des enfants dorment sans toit et les faire travailler toute la journée à des chaleurs abominables, c’est de l’esclavage. Accepter que les gens qui s’occupent d’eux utilisent encore la technique du fouet ou du viol comme outils d’apprentissage , c’est de l’esclavage. Alors tu comprend maintenant ?

Pas moi… Honnêtement, je ne comprends pas… Je suis encore nouveau ici, tu me diras, que je ne suis qu’un simple petit toubab qui ne connait rien à la vie encore. Peut-être que tu iras même jusqu’à me dire que c’est la coutume religieuse et qu’on ne change pas les traditions comme ça. Nous avons un cinéaste au Québec qui a fait un film appelé “les voleurs d’enfance”, je te le conseille. Achètes-toi du pop corn avec ça, tu vas tripper.

St-Louis, tu recèles de trésors, d’une culture profonde et riche, au passé colonial difficile qui a élargi le gouffre entre les riches et les pauvres. Mais tu t’es battu, comme chaque peuple devrait le faire pour conserver leur culture contre tout envahisseur qui voudrait te convertir à leur saloperie. Chez moi, malheureusement, les colons ont gagné et nous assistons encore aujourd’hui à la disparition d’un peuple qui avait pourtant tant à nous apprendre.

Ceci, bien évidemment, n’est qu’une première lettre. Je n’ai pas d’adresse postal pour que tu puisses me répondre, mais j’aimerais vraiment continuer la correspondance. Je continuerai donc de t’écrire, et toi, tu n’auras qu’à lire sans répondre. Ainsi seront les règles de notre échange.

J’espère que tu te portes bien, que la famille va bien aussi.

Inch Allah

Simon

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Dear St-Louis,

How are you? I’m doing good, thanks for asking. Well, let’s say I get used to you, you know? I am slowly getting used to my clothes drenched with sweat, people that want to sell me their jewelries, others who call themselves Baye Fall but are not really, fresh fruits, jugs of drinking water and squat toilets. All these and so much more.

St-Louis, I have to tell you, you are much more complex than what I thought. Two weeks now that I live here and I am just beginning to get acquainted with your little hidden spots and your bars where musicians with so much talent play. You have within yourself extremes that will take me more than my few months to understand them. I’m just the new guy, you know. And on this, thank you for the hospitality. I already almost feel like home. Almost …

You need to understand me, St-Louis, every morning I get up at 4:30 am. Not because I want to, but because you make me do it. The call for prayer, at home, does not really exist. We ring our bells you’re telling me, but our priests at home would never dare to sing into a microphone with the gain at 10 to win the war of “who has the more followers” with the other churches. I’ll give you that, yes, I’d love to see it. But then, considering myself relatively very atheist, I see everything from the outside and it’s a little hard for me to really live that aspect of you that seems so important. With everything we’ve heard about Islam in the world, I have tended to put you all in the same plate. And to be quite honest, I did. Fortunately ,you have good people here to explain me the nuance.

The two Diagne brothers made me understand this; the Jihadists are not Islam, the Taliban are not Islam either. You, St. Louis, your people have the nearest mentality from what I know of that religion. Acceptance of other’s point of view, respect your neighbors, family values, dedication … Not all your residents are perfect followers of course, but my two friends Baye Fall are good. Thank you for that St. Louis, because my stay would’ve never been the same.

So like I told you, every morning I get up at 4:30 am. Then I go through the streets accompanied by one of your best people to head the various Koranic schools. Now, at this point, I would like you to sit down, we need to talk. I don’t have good words for you on this subject and pretty sure you already know. So here we go …

St-Louis … The Koranic schools … in a popular vocabulary and so everyone can understand … it’s called slavery. Do you understand? To accept that your children clean polluted streets of your iron to sell it, it’s called slavery. To allow your children to sleep without a roof and make them work all day under terrible heat, it’s called slavery. To accept that the people who care for them still use the technique of whipping or raping as a learning tool, it’s called slavery. So now you understand?

Not me … I honestly do not understand … I’m still new here, you’re telling me, I’m just a young white guy who knows nothing about life yet. Maybe you’ll go as far as to say that it is the religious traditions and you can’t change traditions like that. We have in Quebec a filmmaker who made a film called “Les voleurs d’enfance”, I recommend it. Buy some popcorn with that, you’ll have a blast.

St-Louis, you are filled with treasures, a deep and rich culture and a difficult colonial past that has widened the gulf between rich and poor. But you fought, like every people should do to preserve their culture against any invader who wants to convert them to their crap. At home, unfortunately, the invaders have won the war and yet we are now witnessing the disappearance of a culture who still has so much more to teach us.

This, of course, is only the first letter. I do not have a postal address for you to answer me, but I’d really like to continue the conversation. I’ll keep on writing, and on your side, all you have to do is to read without replying. So are the rules of our exchange.

Hope you are well and your family is doing good.

Inch Allah

Simon

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