Simon Walls

From the blog

L’envie de courir – Willing to run

Simon Walls - The Great Novel

ENGLISH VERSION JUST BELOW

L’envie de courir

On se lève avant Sherbrooke. Avant les lampes sur les tables de chevet qui illumineront les chambre à coucher. Bien avant le soleil même. On se lève fatigué et excité d’affronter une autre journée sur la route. 12 heures nous attendent avant la prochaine destination, le soleil se lève derrière, monte tranquillement et se couchera en nous pointant la direction où aller comme s’il savait où est Windsor, Ontario.

Les jours s’accumulent et se ressemblent, comme ces villes que nous passons et côtoyons pour une histoire d’un soir. Le temps de s’introduire, de suer sur ses planches et d’y prendre une partie de son âme pour l’ajouter à notre liste d’histoires. Nous sommes ici parce que l’attente ne nous fait pas. Elle nous rend fou, dépressif même. Quand l’attente de vivre de la musique est insupportable et que l’idée d’attendre un coup de téléphone qui changera peut-être notre vie semble maintenant absurde, il ne reste qu’une alternative: l’envie de vivre. Ou l’envie de courir. Ça revient au même.

Le soleil est maintenant haut et midi sonne, nos estomacs grognent et se contenteront de la même merde que nous trouvons en marge d’autoroutes. Le moral des troupes est encore haut, nous voyageons pour jouer de la musique après tout, la vie est simple malgré les dépenses élevées de déplacement et essayer de faire vivre six musiciens. Mentalement, on est rendu plus loin, on comprend la game, ou du moins on pense, on sait ce qu’on veut, et ensemble, dans notre camionnette, on a décidé d’aller le chercher, armé d’entraide et de folie. Étrangement, la musique réunit les deux en même temps. Et nous réunit.

Quand la peur de se casser la gueule de façon monumentale est maintenant dépassée par la peur de s’encrasser dans la monotonie d’un petit milieu fermé, c’est notre corps en entier qui nous force à plonger, faire le saut et voir ce qui va arriver.

Jusqu’à une certaine limite, l’humain peut supporter de se faire baiser et de courir dans le même cercle en espérant une main de l’extérieur qui le sortira de ce tourbillon. Un jour, il s’arrête, réfléchie et décide de continuer de courir, ou non. Ou…

Il pense à changer de course. Parce qu’il a encore envie de courir, mais peut-être pas avec le grand peloton. Et c’est ici que beaucoup de musiciens se butent et s’enfargent dans leurs propres lacets. L’attente. La terrible attente. Attendre tellement que nous oublions pourquoi nous attendons. Attendre assez longtemps que les chansons ne se composent plus par la fougue qui nous consumait tant au début. Attendre trop souvent au point où notre objectif est flou, les lunettes s’embrument et la peur a vaincu. La mort s’ensuit.

Le coureur décide alors de changer de course. D’y aller à sa façon, et surtout pour les bonnes raisons. D’oublier les grands contrats de disque et les utopies qu’on nous a mis sous le nez depuis notre adolescence. D’arrêter d’y mettre du temps et plutôt d’y consacrer notre vie. Et tranquillement, à faire de la route comme on le fait, un tout nouveau monde s’ouvre à nous, celui d’une communauté artistique vibrante et malheureusement enfouie sous une épaisseur qui s’est formé sur notre environnement musical. Une épaisseur tellement grosse que seul les fous décident de creuser à travers.

Une première couche formée de notre “grand” showbiz où il te faut gagner ce soi disant concours pour être quelqu’un et être “populaire”, où tu es choisi par la madame qui a elle aussi gagné le concours il y a quelques années. Je tourne la tête, un 360 degrés de notre 15 passagers, l’odeur de sueur et du plancher où nous avons dormis encore dans l’air, je comprends que dans chacun d’entre nous, il n’était pas question de tacher notre âme à brailler devant une caméra et dire comment notre vie fait tellement pitié: “S’il-vous-plaît, je veux être populaire, ma mère a le cancer. Je vais chanter tout ce que vous voulez.”

Non merci.

Mais il reste encore l’autre couche, celle de cette petite province, trop petite qu’on se dit pour le nombre d’artiste. On joue du coude, pour les spectacles, les subventions, les cliques, et finalement, on fait vite le tour. Et à force de le faire, on comprend qu’on ne pourra jamais en vivre si on n’a pas les subventions et si on ne se tient pas avec le bon monde. Et quand ce monde en question ne veut pas de nous, la personne normale abandonne.

Les autres, eux, se rassemblent, s’unissent, suent et partent à la découverte du monde et de communautés cachés, quitte à se casser la gueule. On comprend que ce n’est pas un combat qui se fait seul et que la route se partage. Quand nous savons la grandeur réelle du monde, que nous y avons rencontré les gens qui y habitent et partagé ces moments de vulnérabilité avec leurs artistes, on comprend qu’il n’y a pas de place pour les coudes qui dépassent et le tirage de couverte.

Il nous reste encore quelques heures de route, et je me sens bien chanceux de me retrouver dans notre camionnette. Complètement différent de mes tournées en solo, j’ai la preuve aujourd’hui qu’il existe encore de vrais musiciens et de vrais artistes, ceux qui ont compris qu’une chanson devient en vie lorsqu’elle est jouée sur toutes ces scènes qui ont absorbé la sueur passée, devant des publiques semi-enjoués. Chaque soirée est une surprise, et on finit par trouver ça beau. On se ferme les yeux, on se dit que ce soir sera peut-être notre dernier spectacle, et on donne tout. Quitte à ne plus avoir de voix demain. De vrais musiciens qui ont compris que l’expérience, la vie et nos qualités d’être humain sont aussi importante que la musique elle-même, que tout ça, finalement, c’est un mode de vie, que l’attitude doit rester derrière et que le statue de “musicien” est aussi égal que tous les titres que les gens du publique se donnent. Plombier, avocat, professeur,… Pas inférieur, ni supérieur, juste égal. Comme tout le reste.

À tous ces artistes avec qui nous partageons des kilomètres, des bières, des divans et toutes cette passion de vivre le plus intensément possible, ces perles qui forgent notre culture malgré le dénie de compagnies de disque et des médias, ces battants qui se battront jusqu’à la limite de leur force, ces êtres profondément bons que vous vous vanterez un jour d’avoir vu dans un petit pub de Sorel avec deux personnes dans la salle ; je parle ici de The Great Novel, Greg McEvoy, Jay Rowbott, Stolen Heights et j’en passe. À eux, qui ont décidé de courir, comme moi, avec les coureurs et non contre la montre, seulement à leur façon. On ne peut juste pas s’empêcher de courir, c’est plus fort que nous, autant le faire ensemble.

Simon

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Willing to run

We wake up before Sherbrooke. Before lamps illuminate the bedrooms. Even before the sun itself. We get up tired and excited to face another day on the road. 12 hours ahead before the next destination, the sun rises behind, quietly, pointing us the direction to go as if it knew where Windsor, Ontario is located.

Days are accumulating and they look all the same, like all those cities we pass and rub shoulders with for a one-night stand. With just enough time to introduce ourselves, to sweat on the stage and to take a part of its soul to add to our list of stories. We are here because waiting is not for us. It makes us crazy, even depressive. When waiting to make a living of music is unbearable and that the idea of waiting for a phone call that may change our life seems absurd, there is only one alternative: to live. Or to run. It’s the same here.

The sun is now high and noon resonates, our stomachs growl and will settle for the same crap that we find on highways. Hope is still high, we travel to play music after all, life is simple despite the high cost of travel and trying to make enough money for six musicians. Mentally, we are further, we understand the game, or at least we think we do, we know what we want and together, in our van, we decided to go get it, armed with support and madness. Strangely, music brings the two together. And all of us.

When the fear of a monumental failure is now exceeded by the fear of clogging in the monotony of a small closed environment, it is our entire body that forces us to dive, make the jump and see what will happen.

To a certain limit, humans can bear to get screwed over and run in the same circle hoping for a hand to get him out of this vortex. But one day, this one person stops, thinks and decides to continue or not. Or…

He thinks about changing his course. Because he still wants to run, but perhaps not with everyone else. And it is here that many musicians stumble on their own shoelaces. They’re waiting. The terrible wait . Waiting so often that we forget why we’re waiting. Waiting long enough that the songs are no longer composed by the ardor that used to consume us. Waiting too often to the point where our goal is blurred, our glasses are fogged, then fear wins.

The runner decides now to change his course. To do it his own way, especially for the right reasons. To forget about the big record label contracts and the utopia they’ve made us believe. To stop “taking time” for our music and, instead, devoting our life. And slowly, while being on the road for a long time, a whole new world opens up to us, a vibrant artistic community buried under thick layers formed by our musical environment. So thick that only fools decide to dig through.

A first layer formed of our “big” showbiz where you need to win this so-called competition for someone to be “popular”, where you are chosen by the lady who has also won the contest a few years ago. I turn my head, a 360 degrees of our 15 passenger van, with the smell of sweat and the floor where we slept last night still in the air, I understand that in each of us, it was not even an option to put a stain on our soul, bawling in front of a camera and say how our life is so pitiful. “Please choose me, I want to be popular, my mother has cancer, I’ll sing whatever you want.”

No thank you.

But there is still another layer, the one of this small province, too small we say for the number of artist. Not enough show, grants, or trying to be in the “gang”, and finally , we quickly get how small this place is. And after trying long enough, we understand that we can never make a living if we don’t get the grants and if we do not hang out with the good people. And when this layer does not want us, the normal person leaves.

The others get together, unite together and sweat together to discover the world and the hidden communities, even if we can’t afford it. We understand that this is not a fight to do alone and the road can be shared. When we know the actual size of the world, that we met the people who live there and shared these moments of vulnerability with their artists, we know there’s room for everyone, for every style.

We still have a few hours to go and I feel very lucky to be in our van. Completely different from touring solo, I have proof now that there are still real musicians and true artists, those who understand that a song becomes alive when played on all these stages absorbed with so much sweat, in front of a half full room. Every evening is a surprise, and we finally find it beautiful. We close our eyes, we say to ourselves that tonight may be our last show, and we give everything we’ve got. Even if we might no longer have a voice tomorrow. Real musicians who understand that experiences, life and qualities of a human being are as important as the music itself, that all this craziness is a way of life, that attitude must stay behind and the statue of “musician” is as equal as all titles. Plumber , lawyer, teacher,… Not less nor more, just equal. Like everything else.

To all these artists with whom we shared kilometers, drinks, couches and all this passion to live as intensely as possible, to these pearls that shape our culture despite the denial of record companies and the medias, to these warriors who will fight to the limit of their strength, these profoundly good human beings that you will see in a small pub of a small town with two people in the room and you’ll brag about years later. I’m talking about The Great Novel, Greg McEvoy, Jay Rowbott, Stolen Heights and so on. To them, who decided to run, like me, with the runners and not against everyone, only their own way. We cannot help running, it’s stronger than us, better do it together.

Simon

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