Dakar, ville bruyante, terre de contradictions, tu t’es élevé plus haut que ton peuple, plus vite qu’eux, sans les attendre à la ligne d’arrivée. Tu as voulu suivre la course des grandes puissances au déni de ta propre famille. Aujourd’hui, ton odeur et ton image en payent le prix.
En partant cette après-midi sur ce grand bateau qui me mènera à Ziguinchor, j’y ai laissé quelque chose derrière.
Quelques semaines à penser à ma vie, mon futur, mes amours. Les effets secondaires des pilules contre la malaria n’ont que multiplié une paranoïa qui sommeillait en moi, ce vide toujours présent que j’essaie de combler, que nous essayons tous de remplir, à notre façon. Cette éloignement ne fait que me ramener sur le droit chemin.
Une vingtaine de jour m’a suffit pour me perdre à l’intérieur de moi.
Une vingtaine de jour à ne plus savoir où j’en étais, à ne plus savoir où était ma maison. Ici? L’autre côté de l’océan ? Je ne sais toujours pas.
Une vingtaine de jour où une personne se doit de se perdre à l’intérieur de son être pour savoir où, sur sa carte du monde, se trouve son étoile.
Me suis-je retrouvé ? Pas si sûre. Nous retrouvons-nous vraiment en entier ? Pas si sûre non plus.
Le vent souffle chaud entre les côtes du fleuve de la Casamance, le bateau file et me guide vers ma prochaine aventure. D’ici quelques heures, je quitterai le large pour m’enfoncer dans les profondeur de la brousse vers Finthiock où Patrick m’attend dans sa maison. L’objectif, pour l’instant, est d’y rester un certain temps pour la composition du prochain album. Un isolement qui me semble être nécessaire pour mettre en mot et en son ce que mes yeux et oreilles capteront.
Je vivrai au sein des Jolas et m’imprégner de leur mode de vie, leurs hauts et leurs bas, leurs rythmes et leurs histoires, mélangé à ce que mes yeux ont constaté dans les rues de St-Louis. Peut-être est-ce le fruit de mon étourdissement ? Ne pas savoir ce qui vient, ce qui va se créer, j’embarque dans le wagon de l’inconnue.
Mon anniversaire est passé, j’approche ainsi le grand club des 30 et je me retrouve toujours seul à arpenter les routes. Je me dis que le pont de ce bateau devrait peut-être être partagé, avec une deuxième paire de jambe à mes côtés et plus tard, quand la route le permettra, deux autres petites paires de jambe qui se basculeront accrochées à notre dos et suivront, un jour, nos pas qui ont déjà tracé le début de leur histoire.
Mais ceci ne reste encore aujourd’hui, qu’un rêve de plus à ajouter à ma liste. Étant définitivement un objectif bon dernier il y a quelques années, je me rends compte qu’avec les pas marchés, certains rêves remontent d’eux-mêmes en haut de cette liste des rêves à réaliser, parce que le jour arrive où l’on se sent prêt à finalement changer notre cap de tout vouloir garder pour se diriger vers celui de tout vouloir partager.
La vie suit son chemin comme ce bateau qui me mène au port.
———————————————————————————————
Dakar, noisy city, land of contradictions, you arise above your people, faster than them, without waiting until the finish line. You wanted to follow the path of the great powers, denying at the same time your own family. Today, the smell and the image you carry like a burden are paying the price.
After the departure this afternoon on this great boat that will take me to Ziguinchor, I left something behind.
A few weeks to think about my life, my future, my love life. The side effects from the malaria pills have only increased paranoia that slept inside me, the emptiness always present I’m trying to fill, the one we are all trying to fill in our own way. The distance from home always takes me back on the right path.
Twenty days was enough for me to lose myself inside of me.
Twenty days not knowing where I was and where my house was. Here? The other side of the ocean? I still do not know.
Twenty days where a person must loose himself within his own body to know where on the world map is its star.
Have I found it? Not so sure. Do we really find it on day ? Not so sure either.
The warm wind blows between the coasts of the Casamance River, the boat guides me to my next adventure. Within a few hours, I will leave the ocean to bury myself in the depth of the bush to Finthiock where Patrick is waiting for me in his house. The goal for now is to stay a while for the composition of the next album. An isolation that seems to me important to put in words and sounds what my eyes and ears will capture.
I will live within the Jolas people and learn their lifestyle, their ups and downs, their rhythms and stories, mixed with what my eyes have seen in the streets of St. Louis. Maybe is it a reason of my dizziness? Not knowing what is coming, what I’m going to create, I just jumped on the train of the unknown.
My birthday has passed, I’m almost in the big 30’s club and I still find myself alone walking the roads. I’m thinking the deck of this ship should perhaps be shared with a second pair of legs and, later, when the roads will be clear, two other small pairs of legs that will swing attached to our backs and follow, maybe one day, our steps that have already traced the beginning of their history.
But this is still today a dream to add to my list. What was definitely the last goal I wanted to achieved a few years, I now realize that with the steps taken, some dreams climb themselves up at the top of this list of dreams to achieve, because the day comes when we finally feel ready to change our course of keeping everything for ourselves and instead to head towards the road of where we want to share everything.
Life goes its way as the boat leads me to the port.